Votre enfant est-il généreux?

De l'égocentrisme pur au réel partage, les enfants franchissent tout un parcours pour apprendre à devenir généreux.

Nancy Doyon, coach familiale, éducatrice spécialisée et fondatrice de SOS Nancy, présente 5 grands stades de l'évolution du partage chez l'enfant.

0 à 2 ans : Entrer en relation

La notion de partage arrive rarement avant l'âge de 2 ans. Avant, les enfants peuvent par exemple offrir des morceaux de leur biscuit parce qu'ils trouvent ça drôle d'être en relation.

2 ans : Avoir le pouvoir de donner… et de reprendre

À cet âge, les enfants aiment donner… dans la mesure où ils ont le pouvoir de reprendre! Il n'est pas rare de voir un enfant prêter un camion et venir le reprendre 2 minutes plus tard. Ce n'est pas un réel partage puisque l'enfant sera contrarié s'il ne peut pas reprendre ce qu'il a donné. Avant l'âge de 3 ans, les enfants comprennent très mal que le copain puisse avoir quelque chose dans les mains sans qu'eux-mêmes puissent l'avoir. Ils ont beaucoup de difficulté à comprendre le « chacun son tour » ou le fait d'attendre pour obtenir l'objet qu'ils désirent.

3 à 4 ans : Apprendre à faire du troc

« Je te prête le camion en autant que tu me prêtes la poupée. :» À ce stade, les enfants voient le partage comme un échange. Ce n'est pas encore un réel partage, car les choses ne sont pas offertes aux autres dans le souci de leur plaire. C'est du donnant-donnant. Jusqu'à 7 ans, les enfants sont foncièrement égocentriques. Pour qu'ils aient envie de partager, ils doivent en tirer un avantage personnel. Ces bénéfices sont de tout ordre : plaire à l'autre, rendre service, se faire valoriser, se faire féliciter, bien paraître, faire plaisir à maman, recevoir un autre jouet en retour, etc.

7 à 10 ans : S'initier à l'altruisme

À cet âge, l'enfant comprend qu'il a un effet sur les autres et qu'il peut poser des gestes en fonction de l'effet qu'il désire avoir. Le partage plus « altruiste » commence, mais souvent avec l'objectif de marchander l'amitié des autres. Comme la notion de la valeur de l'argent n'est pas encore comprise à cet âge, il n'est pas rare de voir des jeunes commencer à donner leurs jouets à leurs amis (jamais à la fratrie par contre). Mais encore là, le partage n'est pas encore gratuit puisque les enfants tentent par ce geste altruiste de s'assurer de l'amitié de leurs pairs.

Adolescence : Accepter de se priver pour rendre service

Le réel partage, où les gestes sont gratuits et faits pour les autres sans attente d'un bénéfice en retour, va apparaître à l'adolescence. Nombre d'entre eux vont être prêts à réaliser des activités comme des voyages humanitaires ou des campagnes de financement. C'est à l'adolescence que l'enfant va être prêt à se priver dans le but de rendre service à quelqu'un. C'est aussi à cet âge qu'apparaissent, pour de brèves périodes, quelques élans d'entraide à l'intérieur de la fratrie.

Généreux : pas du tout, un peu, à la folie

La personnalité de l'enfant et l'intervention des parents sont les 2 facteurs principaux qui influencent la notion de partage durant l'enfance. «: Les parents, comme modèles, ont une importance majeure à savoir si l'enfant va être généreux ou pas. Par exemple, un enfant qui vit dans l'abondance et qui obtient tout ce qu'il veut risque d'avoir du mal à partager avec les autres et même à comprendre que d'autres puissent désirer ce qu'il a. Contrairement à ce que l'on croit, plus un enfant est gâté, plus il aura de la difficulté à être généreux », prévient madame Doyon.

Le partage est un acte louable, mais il ne faut pas oublier que charité bien ordonnée commence par soi-même. Comme partout, tout est une question de mesure. «: Les parents doivent éveiller chez les enfants très généreux la notion d'affirmation de soi, leur capacité à dire non et leur jugement de donner à ceux qui le méritent. Les enfants ne doivent surtout pas penser que pour être aimer, ils doivent tout donner, insiste Nancy Doyon, car ils pourraient facilement être abusés. »

Nancy Doyon conseille d'introduire la notion de partage très tôt dans la vie des enfants. Elle suggère de s'engager en famille dans des activités où le partage est mis de l'avant, comme des campagnes de financement ou des collectes de denrées alimentaires durant le temps des Fêtes. « Sur le coup, les enfants bougonnent et ne comprennent pas tout, mais ils y intègrent la valeur de partage », conclut-elle.

À faire avec les jeunes

Découvrez nos activités éducatives sur la coopération :