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Prévisions économiques et financières

Les conditions deviennent de plus en plus favorables à une baisse prochaine des taux directeurs

21 mars 2024
Jimmy Jean • Randall Bartlett • Benoit P. Durocher • Royce Mendes • Hélène Bégin • Tiago Figueiredo
Francis Généreux • Lorenzo Tessier-Moreau • Hendrix Vachon

Lire la publication Indicateurs économiques de la semaine du 18 au 22 juillet 2022

Consultez l'étude complète en format PDF.

Éditorial

Par Jimmy Jean, vice-président, économiste en chef et stratège

Le rééquilibrage de l’économie mondiale demeure difficile, comme le montre le ralentissement observé en fin d’année 2023 en Allemagne, en France, au Royaume‑Uni et au Japon. Après une diminution encourageante l’an dernier, les perspectives d’inflation sont maintenant assombries par des perturbations touchant le transport de marchandises en mer Rouge et dans le canal de Panama, lesquelles pourraient raviver les pressions inflationnistes dans la production de biens. Les premières surprises provenant du taux d’inflation des biens et des indices des prix à la production dans certaines régions semblent indiquer que ces perturbations pourraient neutraliser l’effet déflationniste du ralentissement économique de la Chine sur ses exportations. Ce facteur a contribué à la tendance désinflationniste mondiale.

 

La situation pourrait rendre l’analyse un peu plus complexe pour certaines banques centrales. Aux États‑Unis, le président de la Réserve fédérale (Fed), Jerome Powell, avait évoqué en décembre la possibilité d’une baisse de taux. Avec le recul, ce signal avant-coureur était prématuré. La croissance américaine a fait preuve d’une résilience remarquable, mais l’inflation a causé de mauvaises surprises dernièrement. La vigueur de l’économie américaine est néanmoins mise à l’épreuve par le ralentissement du marché du travail, comme le démontrent les révisions à la baisse des chiffres de l’emploi et la tendance haussière du taux de chômage. Les dépenses de consommation ont aussi commencé l’année 2024 sur des assises moins fermes, en partie du fait des conséquences des conditions météorologiques. En somme, les signaux demeurent mitigés, et la Fed voudra constater l’existence d’un plus grand nombre de signes de désinflation avant de réduire les taux. Nous continuons cependant de croire qu’elle aura noté suffisamment de signaux d’ici juin.

 

Au nord de la frontière, les perspectives comprennent leur propre lot de défis et de contradictions. Les résultats du produit intérieur brut (PIB) canadien ont été relativement favorables pour le quatrième trimestre de 2023. Toutefois, un examen approfondi a révélé des faiblesses sous-jacentes, notamment en ce qui concerne le PIB réel par habitant et les investissements des entreprises. L’économie canadienne est aux prises avec un ratio du service de la dette des ménages élevé, une hausse des taux de défaut de paiement des consommateurs et une multiplication des insolvabilités d’entreprises. Elle a cependant profité de la forte croissance démographique, ce qui a aidé à normaliser les postes vacants. Le marché du travail peine toutefois à suivre le rythme de l’évolution de la population, créant ainsi une situation particulière, puisque la progression constante de l’emploi ne parvient pas à empêcher un ramollissement sur le marché du travail. Fait important, certains signaux révèlent que la croissance des salaires commence à s’estomper, facteur crucial pour la Banque du Canada, elle qui cherche à identifier le moment opportun pour abaisser les taux.

 

Pendant ce temps, la forte augmentation du nombre de renouvellements hypothécaires se poursuit. L’année en cours sera relativement clémente, car la majorité des renouvellements prévus en 2024 concerneront des prêts hypothécaires contractés en 2019, surtout à des taux fixes et au sommet du dernier cycle de taux. Par contre, les prêts hypothécaires dont le renouvellement est prévu en 2025 et en 2026, et qui comprennent une plus grande part de prêts à taux variable et à versements fixes, nécessiteront sans doute des versements forfaitaires considérables au moment du renouvellement. La population canadienne s’y prépare déjà, comme en témoigne le taux d’épargne plus élevé au Canada qu’aux États‑Unis. Avec la hausse des versements hypothécaires, il n’est pas étonnant de constater une contraction des dépenses de consommation par habitant pendant trois trimestres consécutifs, tendance qui devrait se maintenir en 2024. En outre, les ménages les plus vulnérables financièrement ont de la difficulté à rembourser leurs prêts automobiles et leurs cartes de crédit. Les encours sur les cartes de crédit ont d’ailleurs gonflé de 12,7 % en variation annuelle, en date de décembre. Si ces ménages atteignent leur limite d’emprunt à court terme, il pourrait en résulter d’autres réductions des dépenses de consommation.

 

Somme toute, la croissance démographique historiquement vigoureuse du Canada a empêché le pays de connaître le même sort que les pays européens vers la fin de la dernière année. Toutefois, pour paraphraser Robert Solow, il est possible de voir une légère récession partout, sauf dans le PIB et l’emploi. Pour la Banque du Canada, cela signifie que, quels que soient les quelques kilomètres qui restent à franchir en matière d’inflation, elle n’a pas besoin de les franchir à pleine vitesse. Nous pensons qu’elle en arrivera à ce constat d’ici le mois de juin.

Lire la publication Indicateurs économiques de la semaine du 18 au 22 juillet 2022

Consultez l'étude complète en format PDF.

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