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Économie et entrepreneuriat

Prévisions économiques: 10 questions à Jimmy Jean

27 mai 2022

Hausse des taux d’intérêt, montée de l’inflation, flambée des prix de l’immobilier, augmentation des prix de l’essence... les sujets de préoccupation se multiplient pour les ménages et les entreprises.

Vous avez été nombreux à assister à la conférence web de Jimmy Jean, vice-président, économiste en chef et stratège, qui a présenté les plus récentes prévisions économiques et financières. Plusieurs internautes en ont profité pour lui poser des questions, qui n’ont pas toutes pu être répondues lors de la conférence.

Voici les réponses à 10 questions qui ont été le plus souvent posées à Jimmy Jean lors de cette présentation.

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1. Quels sont les effets de l’importante pénurie de main-d'œuvre?

La pénurie de main-d’œuvre limite les entreprises dans leur projet d’expansion et amène des coûts supplémentaires (pressions à la hausse sur les salaires). Cela réduit également le potentiel de croissance. Pour y remédier, il faut accroître la productivité des travailleurs grâce à une augmentation des investissements et ainsi demeurer concurrentiel à l’international.

2. La hausse de l’inflation va-t-elle se poursuivre en 2022?

À court terme, les risques entourant l’inflation demeurent orientés à la hausse en raison des nombreux déséquilibres entre l’offre et la demande et les pressions haussières sur les salaires. Selon une récente enquête de la Banque du Canada auprès des consommateurs, une forte proportion de travailleurs désire changer d’emploi pour améliorer ses conditions. L’augmentation des taux d’intérêt va toutefois éventuellement commencer à faire son effet sur l’économie. En général, cela prend de 6 à 8 trimestres. On peut donc prévoir une modération de l’inflation en 2023.

3. Quand peut-on entrevoir un retour à la normale pour les chaines d’approvisionnement?

Il faut suivre ce qui se passe en Chine. En ce moment, il y a une augmentation des délais de livraison pour les intrants critiques (semi-conducteur), qui empêche les entreprises de livrer leurs produits.

Mais, nous avons récemment eu une bonne nouvelle en provenance de la Chine, où le taux de transmission de la COVID est à la baisse. La situation devrait donc s’améliorer. Il est toutefois difficile de naviguer dans cet environnement car la demande de la Chine pour le pétrole et les métaux risque de s’accélérer avec une économie qui reprend. Il est donc Important d’investir pour raccourcir les chaines d’approvisionnement.

4. La décarbonisation peut-elle avoir un effet inflationniste ?

Oui, elle peut créer de l’inflation à long terme. La décarbonisation sera intégrée dans les structures de coûts de production ce qui aura des effets inflationnistes. On doit accélérer la transition énergétique afin qu’elle demeure gérable.  Mais, il est important de dégager des économies avec l’innovation et l’automatisation.

5. J’ai un prêt hypothécaire à taux variable, dois-je le convertir en taux fixe?

Une plus grande proportion de propriétaires détenait au cours des derniers mois une hypothèque à taux variable. Toutefois, les taux variables augmentent beaucoup et le risque d’inflation demeure à la hausse. Dans ces conditions, on peut envisager d’opter pour un taux fixe si une telle opportunité se présente et que notre tolérance aux augmentations de taux est faible.  Toutefois, s’il devait y avoir un ralentissement de l’économie, les taux pourraient diminuer. Il est important de souligner que les taux sont encore très abordables comparativement à il y a 20 ans.

6. Est-ce que cette hausse des taux aura un impact sur les prix de l’immobilier?

La hausse des taux d’intérêt détériorera davantage l’abordabilité du marché de l’habitation, ce qui devrait se traduire par un ralentissement de la demande. Cet ajustement devrait entraîner une réduction des prix des propriétés et ainsi effacer partiellement les gains importants survenus au cours des dernières années. Au Québec, le prix moyen des propriétés existantes pourrait ainsi diminuer d’environ 12 % entre son sommet et son creux cyclique.

7. Prévoit-on de la stagflation au Canada?

La stagflation se caractérise par une croissance économique faible ou pratiquement nulle et par une forte inflation. Si la hausse de l’inflation devait se montrer plus persistante que prévu, les banques centrales pourraient devoir rehausser davantage leurs taux d’intérêt, ce qui pourrait ralentir plus fortement la demande. La croissance économique pourrait alors devenir pratiquement nulle et toutes les conditions d’une situation de stagflation seraient alors réunies.

8. Y aura-t-il une récession aux Etats-Unis ?

Notre scénario ne prévoitpas de récession aux États-Unis. Les risques associés à la possibilité d’une récession aux États-Unis, mais aussi au Canada et dans plusieurs pays industrialisés, se sont toutefois accrus récemment avec la forte hausse de l’inflation et la remontée des taux d’intérêt.

9. Peut-on s'attendre à voir une accalmie sur les taux directeurs à horizon 2024?

Notre scénario prévoit plusieurs autres augmentations des taux d’intérêt directeurs canadiens d’ici la fin de l’été. Une stabilisation des taux est prévue à compter de l’automne prochain. En 2023, les taux d’intérêt directeurs canadiens devraient demeurer relativement stables une grande partie de l’année. Une légère réduction pourrait survenir vers la fin de 2023 afin de ramener la politique monétaire à un niveau plus neutre.

10 .Avec l’inflation qui s’emballe, pourrait-on se retrouver avec des taux d’intérêt très élevés comme ce fût le cas au début des années 80?

Cela est improbable. L’introduction des cibles d’inflation par la Banque du Canada au début des années 90 a fortement contribué à réduire la volatilité de l’inflation et des taux d’intérêt. En outre, malgré la récente hausse, les anticipations de long terme concernant l’inflation demeurent bien ancrées, ce qui restreint les pressions haussières sur les taux d’intérêt de plus longue échéance. La Banque du Canada estime d’ailleurs que le taux neutre (correspondant à un taux ni expansionniste, ni restrictif) des fonds à un jour se situe entre 2 % et 3 %, ce qui est nettement moins élevés que lors des années 80.