- Francis Généreux
Économiste principal
États-Unis : mauvais départ pour les ventes au détail en 2024
Faits saillants
- Les ventes au détail ont chuté de 0,8 % en janvier, après un gain de 0,4 % en décembre. Excluant les autos et l’essence, les ventes affichent un recul de 0,5 %.
- La production industrielle a diminué de 0,1 % en janvier, après avoir stagné en décembre.
Commentaires
Après une séquence de plusieurs mois où les ventes au détail ont eu tendance à surperformer par rapport aux attentes, les données se montrent cette fois-ci plutôt décevantes. Le consensus s’attendait à une baisse de seulement 0,2 %. Le recul de 0,8 % en janvier et celui de 0,5 % si l’on exclut les automobiles et l’essence sont les plus importants depuis mars 2023.
Comme prévu, des baisses importantes des ventes chez les concessionnaires automobiles et chez les stations-service (toutes deux de -1,7 %) ont tiré les ventes totales vers le bas. C’est la faiblesse des autres secteurs qui est plus étonnante. La chute de 4,1 % des ventes auprès des centres de rénovation est la pire depuis février 2019. On observe également des baisses, quoique plus modestes, dans les pharmacies, les boutiques de vêtements et les magasins de biens électroniques. Même les magasins en ligne ont éprouvé des difficultés en janvier, avec une diminution de 0,8 % de leurs ventes, soit leur pire baisse depuis novembre 2022.
Pour le moment, il semble que la consommation réelle affichera une croissance plus lente en ce premier trimestre de 2024. Est-ce un signe de l’arrivée attendue, mais souvent repoussée, d’une plus grande faiblesse de l’économie américaine? Il est trop tôt pour le savoir. D’une part, la confiance des ménages américains est en hausse depuis l’automne et le marché du travail continue de très bien performer. D’autre part, il se peut que la météo bien moins favorable en janvier qu’en décembre ait perturbé les habitudes de consommation au cours du premier mois de l’année. Il faudra donc voir si le retour d’une météo plus clémente ramènera les ventes sur leur tendance haussière précédente ou s’il y a véritablement un courant plus maussade qui se met en place sous le poids de taux d’intérêt élevés et d’une épargne accumulée qui s’est raréfiée.
La diminution de la production industrielle en janvier s’est montrée plus proche des attentes. Cela dit, elle cache des différences importantes entre les composantes. Ainsi, la production manufacturière a diminué de 0,5 %. Si l’on exclut le secteur automobile, c’est une baisse de 0,6 % de la fabrication que l’on observe, soit le pire recul mensuel depuis décembre 2022. Les secteurs de la machinerie, des métaux primaires, du papier et des produits pétrochimiques ont tous connu des diminutions de production en janvier. Le secteur minier était aussi en baisse. En fait, c’est surtout la production d’énergie qui a soutenu la production industrielle en janvier avec un gain de 6,0 %, soit le plus fort depuis mars 2023. Cette hausse est surtout redevable à la demande de chauffage exacerbée par une température nettement plus froide en janvier que le temps anormalement doux de décembre.
Implications
À première vue, les résultats de janvier des ventes au détail et de la production manufacturière suggèrent qu’il commence peut-être à y avoir un essoufflement de l’économie américaine. Cela dit, les aléas de la météo rendent plus floue notre lecture de la conjoncture et il faudra donc attendre un peu afin d’avoir un aperçu plus net de la situation économique américaine au cours du premier trimestre de 2024. Quant aux dirigeants de la Réserve fédérale, ils pourraient voir dans les données publiées aujourd’hui certains signes que l’économie n'est pas vraiment en surchauffe malgré la résilience du marché du travail et de l’inflation en janvier.
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