- Sonny Scarfone
Économiste principal
Québec : la nouvelle réalité démographique se reflète sur le marché du travail
Faits saillants
- En novembre, 1 900 emplois nets ont été perdus au Québec, après un gain de 11 500 le mois précédent. Depuis janvier, la création nette s’établit à 29 500 postes (graphique 1).
- Le taux de chômage a reculé de 5,3 % à 5,1 %, demeurant le plus bas parmi les dix provinces. Cette baisse s’explique par une diminution de la population active (-11 200). Le taux de chômage atteint un creux remontant à mai 2024.
- Les détails sont moins favorables. L’emploi à temps plein a enregistré une forte baisse de 37 600 postes en novembre et affiche un recul de 53 300 depuis le début de l’année. L’emploi dans le secteur privé a également diminué, ce qui place son solde annuel en territoire négatif (tableau 1).
- Les secteurs de l’hébergement et de la restauration, de la finance et de l’exploitation minière ont affiché les meilleurs résultats. À l’inverse, le commerce de gros et de détail ainsi que les services aux entreprises ont subi les plus fortes pertes.
- Le taux de chômage a diminué dans la plupart des régions et dépasse 4,5 % seulement dans quatre régions représentant 35 % de la population du Québec : la Gaspésie–Îles‑de‑la‑Madeleine (7,4 %), l’Outaouais (7,1 %), Montréal (6,9 %) et Laval (6,1 %). Plus de la moitié des régions affichent un taux inférieur à 4 %, avec un creux à Chaudière‑Appalaches (2,6 %).
Commentaires
La trame narrative de résilience du marché du travail en période d’incertitude a marqué son premier anniversaire en novembre, soit douze mois après les premiers signes d’accentuation du protectionnisme américain à la suite des élections présidentielles de novembre 2024.
Certaines faiblesses persistent, notamment l’emploi à temps plein, en fort recul cette année. La baisse observée en novembre est la plus importante depuis avril 2020. Bien que ces données soient volatiles, la part des emplois à temps plein dans l’économie atteint son plus bas niveau en plus de six ans. Toutefois, la mesure alternative R7 du taux de chômage de Statistique Canada, qui inclut les travailleurs à temps partiel souhaitant un emploi à temps plein, a encore diminué ce mois-ci, ce qui suggère que cette tendance relève davantage de choix que de contraintes.
Cela se reflète dans la composition des heures travaillées, en baisse de 2,2 % sur un an. On note par ailleurs une accélération des pressions salariales, avec une hausse annuelle de 4,7 %, soit le rythme le plus rapide en 2025 et bien au-dessus de la dernière estimation d’inflation (3,2 %).
Implications
Les changements démographiques influencent la performance du marché du travail. La population des 15 ans et plus a reculé pour la première fois depuis 2015, signe probant d’un bassin de travailleurs en diminution. Dans une population vieillissante, avec une contribution combinée de l’immigration temporaire et permanente appelée à stagner à court terme, il est plausible qu’un nombre de travailleurs plus âgés se tournent vers des emplois à temps partiel.
À ce jour, deux tiers de la population du Québec vivent dans une région administrative sans chômage conjoncturel, c’est-à-dire lié à la tenue de l’économie (graphique 2). Dans le paradigme actuel, une baisse du taux de chômage ne sera pas nécessairement synonyme de vigueur économique.
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