- Francis Généreux
Économiste principal
États-Unis : une croissance du PIB réel plus hot que prévu
Faits saillants
- Le PIB réel a bondi de 4,3 % à rythme annualisé au troisième trimestre de 2025, selon l’estimation initiale des comptes nationaux. Cette variation fait suite à une hausse déjà forte de 3,8 % au deuxième trimestre et à une baisse de 0,6 % au premier.
Commentaires
Cela fait près de deux mois que l’on attend cette première estimation des comptes nationaux du troisième trimestre. L’impasse budgétaire et le retard dans la publication de données sources ont entraîné ce long délai. Mais, disons que ça valait la peine d’attendre… Alors que l’on prévoyait une croissance assez robuste à l’image des résultats du printemps, le gain de 4,3 % dépasse amplement notre anticipation et celle du consensus. La hausse annualisée de 4,3 % est d’ailleurs la plus forte depuis le troisième trimestre de 2023.
Une bonne partie de la croissance provient de la robustesse de la demande intérieure finale, notamment de la consommation réelle, qui a progressé de 3,5 % (soit davantage que le gain de 2,7 % préalablement estimé il y a deux semaines avec la publication des données du mois de septembre). La consommation de services a été particulièrement forte avec une croissance de 3,7 %, la plus rapide en trois ans.
L’investissement n’est pas en reste, mais sa progression s’est tout de même montrée moins extraordinaire qu’au cours du trimestre précédent. On sent un essoufflement de la contribution provenant de l’intelligence artificielle alors que la progression de l’investissement en logiciels a ralenti à 3,1 %, après des gains annualisés de 18,8 % à l’hiver et de 26,6 % au printemps. La croissance de l’investissement en équipement informatique reste forte à 8,4 % à rythme annualisé, mais c’est tout de même moins frappant que les 62,7 % du premier trimestre et les 11,7 % du deuxième. Il sera intéressant de voir au cours des prochains trimestres s’il s’agit d’un réel changement de tendance et si l’apport que procure l’intelligence artificielle à la croissance revient ainsi à des taux plus normaux.
Comme on l’observe depuis le début de l’année, les aléas des échanges extérieurs ont à nouveau grandement influencé les variations du PIB réel. Cette fois, on remarque une hausse des exportations réelles (ce qui est étonnant à la vue des données mensuelles) et une nouvelle diminution des importations. Les exportations nettes ont amené une contribution de 1,6 point à la croissance du PIB réel, comblant ainsi une grande partie de la différence entre celle-ci et la variation annualisée de 2,9 % de la demande intérieure finale. Cette dernière a aussi profité d’une hausse des dépenses gouvernementales, après deux trimestres de baisses. Un bond de 5,8 % du côté de la défense a plus que contrebalancé la nouvelle diminution du côté des dépenses fédérales non militaires.
À la lecture des résultats du PIB réel, il faut se rendre à l’évidence que, pour reprendre les mots du président Trump, l’économie américaine était, l’été dernier, plus hot que l’on pouvait le croire. Cela contraste énormément avec les indices de confiance et les enquêtes auprès des entreprises, qui montraient une situation plus terne. La résilience de la croissance diverge de l’affaiblissement du marché du travail, signalant ainsi que la productivité des Américains est toujours au rendez-vous. Il reste maintenant à voir si la robustesse du PIB réel parviendra à se maintenir. On s’attend déjà à une croissance plus faible pour le dernier trimestre de 2025, qui sera, entre autres, affecté par l’impasse budgétaire et par une diminution des ventes d’automobiles. Les vents seront toutefois plus favorables pour le début de 2026 alors que les effets des changements fiscaux adoptés l’été dernier se manifesteront davantage.
Implications
La croissance du PIB réel demeure vigoureuse aux États‑Unis malgré l’incertitude et d’autres indicateurs qui offraient un portrait plus modeste. Ces images contrastantes devraient inciter la Réserve fédérale (Fed) à être prudente, surtout que les résultats du PIB sont déjà un peu de l’histoire ancienne. Souhaitons-nous, ainsi qu’à la Fed, que les informations qui nous proviendront de l’économie américaine au début de la nouvelle année permettront de dissiper davantage le brouillard.
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