- Francis Généreux
Économiste principal
États-Unis : la création d’emplois ralentit un peu
Faits saillants
- L’enquête auprès des entreprises indique qu’il y a eu 175 000 embauches nettes en avril.
- Le salaire horaire moyen a décéléré en avril avec une croissance de 0,2 %, comparativement à 0,3 % en mars. Sa variation annuelle est de 3,9 %.
- L’enquête auprès des ménages montre un ralentissement encore plus marqué des embauches et le taux de chômage a augmenté de 0,1 %, pour s’établir à 3,9 %.
Commentaires
Pour la première fois depuis octobre 2023, la création d’emplois s’est avérée sous les attentes du consensus. Celui-ci s’établissait aux alentours de 250 000 embauches pour le mois d’avril. Cela dit, le résultat de 175 000 nouveaux emplois est loin d’être mauvais, notamment dans un contexte de taux d’intérêt élevés. Le ralentissement des embauches nous ramène sur terre après des mois, voire des trimestres de croissances de l’activité économique étonnamment fortes. Soulignons aussi qu’il s’est créé 982 000 emplois aux États-Unis depuis le début de 2024, ce qui est tout de même remarquable. C’est mieux que le début de toutes les années 2010.
Une autre manière de voir que le résultat d’avril est loin d’être mauvais est que la proportion des 250 secteurs d’activité avec une croissance du nombre de travailleurs a augmenté. Elle a été de 60,4 % en avril, comparativement à 59,6 % en mars et 54,0 % en février. Comme d’autres indicateurs du marché du travail (demandes d’assurance-chômage, données sur les offres d’emplois et les cessations/embauches, annonces de mises à pied), on sent que les entreprises sont peu enclines à diminuer leur nombre de travailleurs, mais que les embauches brutes sont moins vives qu’elles ne l’étaient depuis la pandémie.
L’enquête auprès des ménages montre aussi un ralentissement des embauches. La faiblesse est même plus marquée, avec seulement 25 000 nouvelles personnes employées. Cela reflète aussi une faible croissance de la population active, soit seulement 87 000 personnes. Le taux de chômage est revenu aux 3,9 % qu’il avait récemment atteints en février et on remarque que le taux de sous-emplois (qui tient aussi compte des chômeurs découragés et des employés involontairement à temps partiel) est passé à 7,4 %, son plus haut niveau depuis la fin de 2021. Il avait atteint un creux de 6,5 % à la fin de 2022. Il semble donc que la pénurie de main-d’œuvre qui a caractérisé l’après-pandémie s’estompe de plus en plus. Cela devrait contribuer à ralentir davantage la croissance des salaires, et, tôt ou tard, les pressions inflationnistes dans le secteur des services.
Implications
Malgré des signes de ralentissement, le marché du travail américain demeure en bonne forme. En fait, la baisse de cadence est bienvenue et même nécessaire afin de continuer à diminuer la pression sur les salaires. Les dirigeants de la Réserve fédérale devraient voir les résultats d’aujourd’hui d’un bon œil et ceux-ci les conforteront dans leur message qu’il n’y aura pas de nouvelle hausse de taux directeurs. La ténacité de l’inflation empêchera tout de même des baisses d’ici l’automne.
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