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Nouvelles économiques

Canada : la forte création d’emplois fait hésiter les marchés quant à une baisse de taux en mars

7 février 2025
Laura Gu
Économiste senior

Faits saillants

  • L’emploi a démarré l’année du bon pied au Canada avec 76 000 nouveaux postes en janvier. C’est bien au-delà des attentes, qui étaient de 25 000. Le taux de chômage a poursuivi sa tendance baissière, reculant à 6,6 % après un sommet de 6,9 % en novembre 2024. Le total des heures travaillées a connu une solide hausse de 0,9 % par rapport à décembre et de 2,2 % par rapport à janvier 2024. La croissance moyenne du salaire horaire a considérablement ralenti par rapport à janvier 2024 pour s’établir à 3,5 %, soit la plus faible progression depuis mai 2022. Le tableau 1 résume les principales données.
  • Notre prévision de croissance du PIB réel canadien pour le T1 2025 a grimpé à 2,0 % sur une base annualisée à la suite de la publication des données de janvier sur l’emploi, ce qui est conforme aux attentes exprimées dans le plus récent Rapport sur la politique monétaire de la Banque du Canada (BdC). La prévision pour le T4 2024 demeure inchangée. Elle est elle aussi à 2,0 %.

Implications

L’incertitude entourant le commerce transfrontalier n’a pas perturbé la forte dynamique d’embauche du Canada au début de 2025. Pour un troisième mois consécutif, la création d’emplois y a surpassé les attentes générales, ce qui met en lumière la solidité du marché du travail après les baisses de taux de 200 points de base de la BdC depuis le printemps dernier. Les gains au chapitre de l’emploi ont été généralisés. Les augmentations se concentrent dans les secteurs manufacturier (+33 k), les services professionnels, scientifiques et techniques (+22 k) et la construction (+19 k). Par province, l’Ontario (+39 k) et la Colombie-Britannique (+23,5 k) ont connu la plus forte hausse, tandis que l’Alberta a enregistré une légère baisse (-4 k). Malgré une petite hausse du taux de participation, qui est passé de 65,4 % à 65,5 % en janvier, le marché du travail a créé plus d’emplois au cours de ce mois qu’il y a de nouveaux travailleurs pour les occuper, la croissance démographique continuant de ralentir (graphique 1). Le taux de chômage a ainsi diminué de 6,7 % à 6,6 %. Il est passé de 14,2 % à 13,6 % chez les jeunes, alors qu’il est demeuré stable pour les autres groupes d’âge.


Le ralentissement de la croissance de la population en âge de travailler s’est poursuivi en janvier, surtout chez les jeunes (graphique 2), en raison de la baisse soutenue des admissions de résidents non permanents (RNP). Cette tendance s’explique par le projet du gouvernement fédéral de réduire la proportion des RNP et de l’immigration dans la population. Cependant, nos projections démographiques Lien externe au site. indiquent qu’il lui faudra appliquer des mesures de réduction des RNP plus vigoureuses pour atteindre ses cibles ambitieuses. Si c’est le cas, on pourrait observer une croissance négative de la population en 2025 et 2026. Nos projections s’apparentent aux perspectives de la BdC, révisées à la baisse pour tenir compte de ces mesures. Les prévisions de la BdC supposent maintenant que la croissance de la population va ralentir pour s’établir à 0,5 % d’ici 2026.


Malgré la robustesse des embauches, la variation annuelle du salaire moyen a décéléré pour s’établir à 3,5 % en janvier, contre 4,0 % en décembre (graphique 3), soit son moins bon résultat depuis mai 2022. Le refroidissement des gains salariaux donne une certaine marge de manœuvre à la BdC, bien qu’il reste un rapport sur l’emploi à venir avant sa prochaine décision le 12 mars.


Malgré la poursuite de l’embellie qui amorce le T1 2025, les embauches devraient se calmer au cours de l’année. Ce phénomène sera accentué par l’incertitude grandissante entourant le commerce international, particulièrement dans les secteurs plus vulnérables. Des témoignages d’entreprises laissent croire que certaines d’entre elles ont commencé à mettre des gens à pied en prévision des tarifs douaniers américains. La publication d’un rapport solide sur le marché du travail en janvier a bonifié nos prévisions de croissance du PIB réel au T1 2025, mais l’incertitude économique grandissante à l’horizon laisse entrevoir des risques baissiers importants. Même si nous sommes d’avis que cela incitera la BdC à poursuivre l’assouplissement de sa politique monétaire, la vigueur des données sur l’emploi en janvier et les tensions commerciales persistantes font en sorte que la probabilité d’une nouvelle baisse des taux en mars devient en quelque sorte un coup de dés. Du moins jusqu’à ce que l’on en sache plus sur l’imposition des tarifs douaniers.


NOTE AUX LECTEURS : Pour respecter l’usage recommandé par l’Office québécois de la langue française, nous employons dans les textes, les graphiques et les tableaux les symboles k, M et G pour désigner respectivement les milliers, les millions et les milliards. MISE EN GARDE : Ce document s’appuie sur des informations publiques, obtenues de sources jugées fiables. Le Mouvement Desjardins ne garantit d’aucune manière que ces informations sont exactes ou complètes. Ce document est communiqué à titre informatif uniquement et ne constitue pas une offre ou une sollicitation d’achat ou de vente. En aucun cas, il ne peut être considéré comme un engagement du Mouvement Desjardins et celui-ci n’est pas responsable des conséquences d’une quelconque décision prise à partir des renseignements contenus dans le présent document. Les prix et les taux présentés sont indicatifs seulement parce qu’ils peuvent varier en tout temps, en fonction des conditions de marché. Les rendements passés ne garantissent pas les performances futures, et les Études économiques du Mouvement Desjardins n’assument aucune prestation de conseil en matière d’investissement. Les opinions et les prévisions figurant dans le document sont, sauf indication contraire, celles des auteurs et ne représentent pas la position officielle du Mouvement Desjardins.