- Jimmy Jean
Vice-président, économiste en chef et stratège
Conflit commercial nord-américain
Première évaluation des conséquences économiques et financières
La mise en œuvre de tarifs douaniers à grande échelle par l’administration Trump est une escalade significative des tensions commerciales et les conséquences économiques se feront sentir probablement rapidement. En effet, l’application rapide des tarifs implique que les entreprises ont beaucoup moins de temps pour s’adapter qu’on ne le supposait auparavant. Cela signifie des perturbations aux chaînes d’approvisionnement survenant relativement tôt avec des répercussions sur les prix et la croissance économique. Cela s’ajoute à l’impact direct et indirect des tarifs eux-mêmes sur les prix à la consommation, et donc sur le pouvoir d’achat.
Pour le Canada, bien que les répercussions sectorielles et provinciales diffèrent de notre analyse des scénarios de décembre, l’ampleur globale de ces mesures – en supposant qu’elles soient maintenues sur une longue période – signale des conditions de récession. La répartition de ces effets sera particulièrement inégale d’une région et d’une industrie à l’autre, certains secteurs comme la fabrication automobile, l’acier et l’aluminium et le secteur de l’aérospatiale étant probablement confrontés aux défis les plus aigus, tandis que d’autres pourraient se montrer plus résilients.
À l’avenir, plusieurs développements mériteront une surveillance étroite. L’administration américaine a signalé des mesures tarifaires potentielles contre les partenaires commerciaux européens, qui ont déjà indiqué des représailles rapides. Représentant 65 % des exportations américaines, les réponses combinées du Canada, du Mexique, de la Chine et de l’Union européenne devraient exercer une pression économique et politique importante aux États‑Unis, bien que beaucoup dépendra de leur séquence et de leur coordination.
Il est difficile de prédire la fin de cette escalade protectionniste. Si, comme le dicte le décret du président Trump, l’enjeu concerne vraiment le Fentanyl, une amélioration démontrée pourrait permettre à Donald Trump, sur les conseils de la secrétaire à la Sécurité intérieure, d’annuler les hausses de droits de douane. Le Congrès peut également mettre fin à la déclaration d’urgence nationale via une résolution conjointe des représentants et des sénateurs. Cependant, les griefs du président Trump vont probablement au-delà de cela. Le souhait d’une politique commerciale protectionniste soutenue, ou le désir d’augmenter les recettes publiques, pourraient maintenir les droits de douane en place. Cela risque toutefois d’être un enjeu majeur lors des élections de mi-mandat de l’année prochaine.
Au Canada, les annonces à venir de programmes de soutien gouvernementaux – où les provinces sont susceptibles de prendre l’initiative à court terme – seront également un déterminant important des incidences sectorielles. Quoi qu’il en soit, on s’attend à ce que la Banque du Canada (BdC) réponde par des baisses de taux plus importantes, car le choc exige une politique monétaire non pas neutre, mais bel et bien accommodante.
Notre équipe s’efforcera d’intégrer les détails précis de ces nouveaux développements, ainsi que de ceux qui pourraient être à venir, dans le cadre de révisions complètes de nos prévisions, que nous publierons la semaine prochaine. Nous encourageons nos membres et nos clients à maintenir un contact étroit avec leur représentant Desjardins à mesure que cette situation évolue.
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