- Randall Bartlett, économiste en chef adjoint • LJ Valencia, analyste économique
L'Essentiel de la politique monétaire
La Banque du Canada poursuit les baisses de taux et se prépare aux effets des politiques de Trump
29 janvier 2025
Selon la Banque du Canada (BdC)
- Comme on s’y attendait, la Banque du Canada (BdC) a abaissé aujourd’hui le taux des fonds à un jour de 25 points de base. Il s’agit d’une sixième baisse consécutive, qui survient après deux réductions de 50 points de base. Le taux directeur s’établit maintenant à 3,00 %, son niveau le plus bas depuis septembre 2022.
- Au même moment, la BdC a annoncé son « plan pour achever la normalisation de [son] bilan, et ainsi mettre fin au resserrement quantitatif. La Banque recommencera à acheter des actifs au début de mars, de manière graduelle au départ afin que son bilan se stabilise cette année et se mette ensuite à croître modestement, au rythme de la croissance de l’économie. »
- Dans la déclaration préliminaire à la conférence de presse, le gouverneur de la BdC, Tiff Macklem, a formulé trois messages principaux concernant les changements apportés à la politique monétaire. D’abord, celle-ci a réussi à rétablir la stabilité des prix, comme en témoigne le fait que l’inflation tourne autour de 2 % depuis l’été dernier. Ensuite, la baisse des taux d’intérêt stimule la consommation des ménages et, de ce fait, la croissance économique s’améliore. Finalement, la menace de droits de douane américains sur les importations canadiennes étant très incertaine, elle n’a pas été incluse dans les prévisions de référence. Cependant, afin de répondre à cette incertitude, la BdC fournit une analyse de scénarios dans son Rapport sur la politique monétaire (RPM) accompagnant la décision d’aujourd’hui.
- Si l’on regarde d’abord l’inflation, la BdC a apporté une modeste révision à la hausse de ses prévisions de base pour 2025 et 2026, même si l’inflation à la fin de 2024 a été moindre que ce qui était attendu (graphique 1). Cela reflète à la fois l’évolution des perspectives économiques globales et l’incidence du congé de deux mois de TPS/TVH, qui pèse sur l’inflation maintenant, mais la fera grimper dans un an.
- En ce qui concerne la prévision de croissance du PIB réel, à notre surprise, la BdC l’a revue à la baisse pour le quatrième trimestre de 2024 : elle est passée de 2,0 % en octobre à 1,8 %, en rythme annualisé (nous projetons actuellement un taux de 2,5 %). La BdC prévoit également une progression relativement modeste de 2 % au premier trimestre de 2025 (notre prévision est de 2,3 %). Sans tenir compte des répercussions d’éventuels tarifs douaniers sur la croissance, qu’elles soient baissières au moment de leur entrée en vigueur ou haussières d’ici là, la BdC prévoit une croissance relativement timide de 1,8 % en 2025 et en 2026, ce qui est un peu plus élevé que ses prévisions de croissance potentielle. Rappelons que ces prévisions ont été revues considérablement à la baisse depuis octobre (graphique 2), un « changement [qui] s’explique principalement par la révision à la baisse du taux d’expansion démographique entraînée par les nouvelles politiques fédérales en matière d’immigration et par la mise à jour des hypothèses relatives aux sorties de résidents non permanents ». La BdC s’attend maintenant à ce que la croissance de la population ralentisse pour atteindre 0,5 % d’ici 2026, soit plus d’un point de pourcentage de moins que dans ses prévisions précédentes. Elle estime également, comme nous, que l’économie canadienne présente moins de capacités excédentaires que ce que l’on croyait en octobre.
- Pour illustrer les risques d’une éventuelle guerre commerciale, la BdC a présenté trois scénarios explicatifs. Elle « présume que les États-Unis relèveraient à 25 % leurs droits de douane sur l’ensemble des biens importés et que leurs partenaires commerciaux feraient aussi passer leurs droits de douane sur les biens importés des États-Unis à 25 % ». La BdC s’attend à ce que la ponction maximale sur la croissance du PIB réel soit de 3 points de pourcentage la première année d’application des tarifs, par rapport au scénario sans tarifs douaniers. Par ailleurs, elle prévoit que l’apport le plus important à l’inflation sera d’entre 1 et 1,5 point de pourcentage après deux ans, quoique dans un scénario différent de celui où l’effet sur le PIB réel est le plus prononcé. La BdC n’a pas présenté de trajectoire pour les taux d’intérêt dans ces scénarios, mais nous pensons que le taux directeur pourrait descendre à 1,50 % en cas de guerre commerciale.
Implications
- Le RPM de janvier 2025 de la BdC contient énormément d’information à digérer. Comme la plupart des économistes, la BdC a tenté de tenir compte des divers vents contraires auxquels l’économie canadienne est exposée. Les résultats auxquels elle parvient ne sont d’ailleurs pas loin de nos propres prévisions Lien externe au site., notamment dans les différents scénarios pessimistes. Mais les perspectives sont très incertaines, notamment en raison de la menace tarifaire en provenance des États-Unis. Ainsi, même si l’orientation est utile, l’avenir se déroulera assurément différemment.
- Cela dit, étant donné les obstacles qui attendent l’économie canadienne (menace continue de tarifs douaniers, ralentissement prévu de la croissance démographique et vague de renouvellements hypothécaires à venir), nous sommes d’avis que la BdC réduira le taux directeur de 75 points de plus d’ici la fin de l’année (jusqu’à 2,25 %). Mais si une guerre commerciale se déclare, le taux directeur devrait chuter plus rapidement et plus profondément.
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