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Santé et mieux-être

Le rôle du sommeil sur la santé et la productivité

6 mars 2023
Desjardins Assurances


Au même titre que l’activité physique ou la saine alimentation, le sommeil joue un rôle majeur dans le maintien d’un bon équilibre de vie. Un trouble du sommeil peut entrainer des conséquences directes sur le comportement au quotidien, tant au travail que dans la vie personnelle. Nous verrons ici pourquoi il faut accorder au sommeil la place qui lui revient comme composante essentielle de la santé et pourquoi, en tant qu’employeur, il importe de prêter  une attention particulière au sommeil de son personnel. 

Julien Heon, vice-président chez HALEO, une clinique spécialisée en soins du sommeil, a accepté de partager son expertise avec nous pour la rédaction de cet article. 

Causes et effets des troubles du sommeil

Nous avons tous connu une mauvaise nuit de sommeil à un moment ou un autre de notre vie. La plupart du temps, les causes sont facilement identifiables. Elles peuvent être physiques, dues à une position inconfortable, à des bouffées de chaleur ou à une mauvaise digestion, par exemple. Certaines habitudes, comme le temps passé devant les écrans ou la pratique d’un sport avant d’aller au lit, peuvent aussi perturber notre sommeil. Le stress et les conflits interpersonnels sont également des facteurs qui risquent de dérégler notre horloge interne, aussi appelée « cycle circadien ».  

Quand doit-on se préoccuper de ces mauvaises nuits? Julien Heon explique : « On n’a pas besoin de parler d’insomnie chronique pour constater les répercussions d’un mauvais sommeil sur la santé. Dès que l’on constate qu’on dort mal depuis quelques jours, on devrait se questionner et aller chercher conseil. »

En effet, les recherches révèlent que le sommeil a un impact multidimensionnel sur la santé d’une personne, affectant autant la santé mentale et physique que la productivité au quotidien.

Il existe une étroite relation entre le sommeil et la santé mentale. Les personnes insomniaques sont souvent plus vulnérables au stress et voient leur humeur altérée : à long terme, et selon la gravité de ces effets, cela peut contribuer au développement de troubles comme la dépression1. À l’inverse, améliorer son sommeil peut atténuer certains problèmes de santé mentale chez une personne2.

Le sommeil est également un indicateur à observer pour prendre le pouls de sa santé mentale. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : deux personnes sur trois vivant avec un trouble de santé mentale souffrent également d’un trouble du sommeil2. « Un mauvais sommeil est souvent l’un des premiers symptômes de troubles de santé psychologique », ajoute Julien Heon. Avoir de la difficulté à trouver le sommeil ou avoir tendance à se réveiller sans arriver à se rendormir font partie des caractéristiques parfois rencontrées dans un contexte de dépression majeure, de trouble bipolaire et de troubles anxieux, entre autres1.

Les personnes qui ont un mauvais sommeil s’exposent à un risque accru de problèmes tels que l’hypertension, les maladies cardiovasculaires, l’obésité, le diabète de type 2 ou la maladie d’Alzheimer. Leurs niveaux d’inflammation sont aussi plus élevés3. Tous ces facteurs peuvent contribuer au développement de maladies chroniques, qui constituent la première cause de mortalité dans les pays industrialisés4.

Chez les gens ayant un trouble du sommeil, certaines capacités cognitives, notamment l’attention, la motivation, la prise de décision, la résolution de problèmes, la mémoire et la créativité sont mises à rude épreuve5. Il devient alors difficile, voire impossible, de fonctionner efficacement et d’accomplir un travail de qualité. 

L’être humain a besoin de repos quotidien pour permettre à son corps de réguler son cycle circadien, ses hormones, et diverses autres fonctions, métaboliques et autres. Sans sommeil réparateur, l’horloge interne se dérègle et il lui faut plus qu’une mise à niveau de quelques bonnes nuits pour se remettre en marche. 

Pourquoi se soucier du sommeil de ses employés?

« Les employeurs ont tout à gagner à se préoccuper du sommeil de leurs employés et à rendre disponibles des ressources qui leur offrent une aide concrète et rapide. Être en mesure de traiter les problèmes de sommeil le plus tôt possible permet de prévenir des départs en congé de maladie, des accidents sur les lieux de travail et plus encore. » - Julien Heon

Prévenir l’absentéisme, le présentéisme et la baisse de productivité

Au Canada, les coûts de l’absentéisme et du présentéisme associés à l’insomnie sont aussi élevés que ceux liés à la maladie mentale, soit 16 G$ par année6. Pour ce qui est de la productivité, on calcule que les insomniaques « perdent » l’équivalent de 45 jours de travail annuellement, comparativement à 10 jours pour les bons dormeurs7. Les conséquences peuvent alors se faire ressentir à l’échelle collective, les collègues devant souvent mettre les bouchées doubles pour compenser ces absences ou ce manque d’efficacité.

Réduire le nombre de départs en congé d’invalidité

Les insomniaques sont 2,5 fois plus susceptibles de s’absenter pour invalidité que les bons dormeurs6. Sachant que jusqu’à 15 % des adultes souffrent d’insomnie chronique8, il y a fort à parier que la majorité des organisations sont concernées par cet enjeu. Le traitement des troubles du sommeil pourrait ainsi contribuer à prévenir certains départs en congé d’invalidité et, de façon générale, témoigne d’une volonté de préserver le mieux-être des employés.

Éviter des accidents de travail

Des employés bien reposés seraient-ils la clé pour réduire les accidents de travail? C’est possible! On estime que l’insomnie augmente de 2,5 fois le risque de blessure au travail, notamment chez les employés qui occupent un poste impliquant des quarts rotatifs9. La lenteur de réaction et les erreurs dans les prises de décision sont alors souvent en cause.

En tant que gestionnaire, que faire pour aider vos équipes?

Être à l’affût des changements

Soyez attentif aux changements d’humeur ou de comportement récurrents que vous constatez chez vos collègues : l’insomnie y est peut-être pour quelque chose. Au-delà du « Comment ça va? » routinier, demandez-leur s’ils dorment bien. Cela vous donnera l’occasion de leur expliquer qu’il existe différents moyens d’atténuer, voire d’éliminer les troubles du sommeil. Personne n’est condamné à mal dormir toute sa vie.

Orienter vos collègues vers les bonnes ressources

 Il existe dans les réseaux public et privé des cliniques spécialisées dans le diagnostic et le traitement des troubles du sommeil, qu’ils soient dus à un horaire atypique, à un choc post-traumatique, à l’apnée du sommeil, ou à toute autre situation perturbatrice. Pensez à élargir votre offre d’avantages sociaux pour couvrir les consultations reliées à ce type de ressource, ou à y inclure des programmes de soins du sommeil comme ceux d’HALEO, partenaire de Desjardins Assurances.

Ouvrir la discussion

« Il n’est pas rare que les évaluations des troubles du sommeil permettent de déceler des problèmes sous-jacents, comme une dépression ou de l’anxiété, qui n’ont pas encore été diagnostiqués ou pour lesquels les employés n’osaient pas aller chercher de l’aide », souligne Julien Heon. 

Bien que le sommeil soit étroitement relié à la santé mentale, il ne connait pas la même stigmatisation. Encore aujourd’hui, les problèmes de santé mentale font parfois l’objet de préjugés en milieu de travail et les personnes atteintes préfèrent souvent ne pas aborder le sujet. On estime que 75 % des Canadiens seraient réticents à dévoiler à leur employeur ou à un collègue qu’ils ont un trouble de santé mentale10. Aborder les troubles du sommeil au travail et offrir les ressources nécessaires peut donc servir de premier pas pour ouvrir la discussion plus largement, lever les tabous et encourager les gens à aller chercher de l’aide.

Pour un bilan de santé organisationnelle positif, il est primordial d’investir dans l’actif le plus précieux : la santé des ressources humaines. L’intérêt porté au sommeil témoigne d’un engagement bienveillant pouvant s’inscrire dans une stratégie globale de soutien à la santé des employés. Offrir de l’information, des outils de dépistage et l’accès à des traitements devrait ultimement améliorer la rétention du personnel et son mieux-être général. Les organisations y gagnent sur tous les plans!