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Jimmy Jean • Randall Bartlett • Benoit P. Durocher • Royce Mendes • Hélène Bégin • Tiago Figueiredo
Francis Généreux • Lorenzo Tessier-Moreau • Hendrix Vachon
Les élections américaines pourraient avoir d’importantes conséquences économiques aux États‑Unis, mais aussi au Canada et ailleurs dans le monde
Faits saillants
- En Chine, la croissance du PIB réel s’est légèrement accélérée au troisième trimestre, mais l’atteinte de la cible de croissance annuelle de 5 % du gouvernement n’est pas garantie. L’inflation demeure très faible, et les problèmes du marché immobilier chinois ne sont pas résolus. Bien que les mesures de relance économique du gouvernement et de la banque centrale s’accumulent, elles ne portent pas encore complétement fruit, et les autorités hésitent à mettre la politique budgétaire à contribution de manière décisive. L’économie de la zone euro continue de progresser modérément, une situation qui devrait se poursuivre au cours du dernier trimestre de 2024 si l’on se fie à la faiblesse récente des indices PMI. On remarque cependant une amélioration de la fabrication en Allemagne en août, ce qui est de bon augure, mais il faudra voir si le gain perdurera. L’inflation continue de ralentir en zone euro et la Banque centrale européenne devrait poursuivre la diminution de ses taux directeurs.
- Aux États‑Unis, l’attention est évidemment tournée vers l’élection du 5 novembre Lien externe au site.. On sent que l’incertitude qu’elle cause pèse sur la confiance des ménages. On remarque néanmoins une amélioration de plusieurs indicateurs économiques récemment publiés, les données d’emploi de septembre en premier lieu. La croissance prévue du PIB réel a été relevée à environ 3 % pour le troisième trimestre. Le passage de plusieurs ouragans majeurs en septembre et en octobre risque toutefois d’amener de la volatilité pour certaines données économiques ainsi qu’une plus faible croissance au dernier trimestre de l’année. L’inflation totale continue de ralentir, mais l’inflation de base se montre tenace. La Réserve fédérale devrait néanmoins continuer sa détente monétaire.
- La Banque du Canada Lien externe au site. (BdC) a réduit le taux du financement à un jour de 125 points de base depuis juin pour le porter à 3,75 %, accélérant le rythme d’assouplissement de sa politique monétaire. Avec une inflation sous la cible, un marché du travail qui refroidit et une activité économique inférieure aux attentes, la BdC affirme que les risques de baisse de l’inflation sont plus élevés qu’à tout autre moment de l’histoire récente. C’est aussi notre avis. Non seulement l’économie continue-t-elle d’afficher des capacités excédentaires, mais les vents défavorables à la croissance commencent à peine à souffler. La croissance démographique Lien externe au site., particulièrement chez les résidents non permanents, n’a que récemment commencé à montrer des signes de ralentissement, en contexte de baisse du nombre de permis d’études délivrés aux étudiants étrangers. Une vague de renouvellements hypothécaires Lien externe au site. arrive aussi à grands pas en 2025 et en 2026. À cela s’ajoute l’incertitude liée à l’élection présidentielle américaine Lien externe au site., ce qui fait qu’un retour plus rapide au taux neutre apparaît justifié au Canada.
- L’économie du Québec, qui a connu un passage difficile l’an dernier, s’est avérée très robuste depuis le début de l’année. Le PIB réel Lien externe au site. a augmenté de 2,7 % à rythme annualisé au deuxième trimestre de 2024, après une croissance de 3,6 % au premier trimestre. Ces résultats s’appuient sur plusieurs points positifs. La relance du secteur résidentiel Lien externe au site. se poursuit, la confiance des entreprises se redresse et les investissements en machines et équipements ont amorcé une remontée. Les dépenses des ménages demeurent soutenues et le taux d’épargne se maintient à plus de 10 %. Les prochains trimestres s’annoncent favorables dans un contexte de baisse du taux d’intérêt directeur, même si l’on s’attend à une modération du rythme de croissance par rapport à la cadence du premier semestre de l’année.
Risques inhérents aux scénarios
Même si l’inflation a diminué et se situe désormais en dessous des cibles dans plusieurs pays, certains risques demeurent. En outre, les conflits de travail pourraient se multiplier, notamment au Canada et aux États‑Unis, provoquer des perturbations temporaires de l’activité économique et entraîner des pressions haussières sur les salaires et l’inflation. Sauf pour la Banque du Japon, les probabilités que les banques centrales haussent les taux d’intérêt restent néanmoins faibles. Une bonne dose d’incertitude demeure quant à l’effet retardé des taux d’intérêt élevés sur la croissance économique. Il y a donc un risque que certaines banques centrales doivent éventuellement accélérer le rythme des baisses de taux, alors que certaines autres pourraient au contraire devoir le ralentir. Cela pourrait amener beaucoup de volatilité sur les marchés des devises. La poursuite des renouvellements hypothécaires à des taux plus élevés que les précédents pourrait se traduire par un trop grand nombre d’emprunteurs en difficulté de paiement au Canada et une brusque augmentation du nombre de propriétés à vendre. À cela s’ajoutent les pressions croissantes sur les locataires. De plus, des mises à pied pourraient se mettre en branle, ce qui ferait augmenter le taux de chômage d’une manière plus néfaste et aurait des effets indésirables sur le marché de l’habitation et le crédit en général. Aux États‑Unis, l’élection présidentielle de novembre pourrait changer la donne. Un résultat serré risquerait de causer de l’instabilité sociale. Un retour de Donald Trump à la Maison‑Blanche pourrait susciter de l’incertitude, notamment en ce qui a trait au commerce international et à l’indépendance de la Réserve fédérale (voir nos analyses complètes sur les incidences de l’élection aux États-Unis Lien externe au site. et au Canada Lien externe au site.). Quel que soit le vainqueur, la détérioration des finances publiques aux États‑Unis (comme ailleurs) pourrait entraîner une révision à la baisse des notations de crédit et, possiblement, une hausse des taux d’intérêt à long terme. La détérioration et l’élargissement du conflit au Moyen‑Orient ont provoqué des soubresauts des prix du pétrole qui pourraient se faire encore plus importants. L’évolution de l’économie mondiale, des marchés financiers et des prix des matières premières pourrait se montrer encore plus instable si la situation géopolitique et l’environnement économique se dégradaient davantage. Même en faisant abstraction de ces facteurs de risque, les marchés financiers semblent vulnérables à une correction après l’exubérance qui a propulsé bon nombre de classes d’actifs risqués cette année.
Scénario financier
La diminution plus rapide que prévu de l’inflation a donné davantage de latitude à la Banque du Canada (BdC) pour réduire son taux directeur. La BdC est même allée jusqu’à décréter une baisse de 50 points de base le 23 octobre. Pour la suite des choses, nous croyons qu’elle annoncera plusieurs autres baisses de 25 points de base jusqu’à ce que le taux des fonds à un jour atteigne 2,25 %. Du côté américain, la plus forte vigueur de l’économie a convaincu les investisseurs d’écarter un scénario de baisse rapide des taux directeurs, scénario dans lequel la Réserve fédérale aurait pu annoncer une autre baisse de 50 points de base. Nous prévoyons que le haut de la fourchette du taux des fonds fédéraux sera graduellement abaissé à 3,00 % d’ici la fin de l’an prochain.
Le dollar américain s’est considérablement réapprécié pendant que les investisseurs ont revu leurs attentes à l’égard de la politique monétaire américaine et escompté partiellement la possibilité d’une victoire de Donald Trump. Selon notre scénario de base, cependant, le billet vert devrait évoluer en suivant une tendance baissière pour les prochains trimestres, alors que nous prévoyons un ralentissement de la croissance aux États‑Unis ainsi que des baisses de taux d’intérêt. Cela devrait aider le huard et plusieurs autres devises à reprendre quelques cents. Le dollar canadien devrait aussi bénéficier d’une remontée des prix du pétrole et de plusieurs matières premières. Les marchés boursiers devraient demeurer volatils en raison de l’incertitude accrue entourant la trajectoire de détente monétaire aux États-Unis, incertitude qui est amplifiée par l’issue imprévisible de l’élection.
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